Bien des gens ont tendance à « génitaliser » le rôle qu’une sexologue joue, tout comme ils « génitalisent » souvent la vision et la perception qu’ils ont de la sexualité. Ce phénomène peut se comprendre par l’énorme influence que Masters et Johnson ont exercée dans les années 70.
Même si ce gynécologue et cette psychologue ont apporté une contribution non négligeable dans le domaine de la sexologie, ils ont tout de même donné l’impression que les sexologues travaillaient davantage sur le plan technique de la sexualité. Souvent, j’ai été obligée de dire à certaines personnes: «Vous savez, des organes génitaux, ça ne tient pas dans les airs tous seuls ! Ils sont forcément rattachés à quelque chose… ou à quelqu’un! Ça veut dire qu’il faut se questionner sur ce qu’est ce quelqu’un, sur ce qu’il a vécu et sur ce qu’il vit, si on veut connaître les raisons qui le conduisent à éprouver des difficultés sur le plan sexuel.»
Les patients que je rencontre ont souvent tendance à focaliser sur la dimension physiologique de la sexualité, sans prendre le temps de penser que cette dernière a également une dimension psychologique qui est très importante. En fait, la sexualité comporte plusieurs dimensions qui ne peuvent pas être isolées les unes des autres, ce que plusieurs sexologues éducateurs ou cliniciens compétents s’efforcent de plus en plus de faire comprendre. Ce qui est spécifique au sexologue québécois, c’est qu’il a une formation de base multidisciplinaire en sexologie, laquelle est pratiquement unique au monde. Cette formation amène donc le sexologue à intégrer dans sa pratique ces différentes dimensions qui sont d’ordre biologique, psychologique, moral, social et affectif. Différentes composantes qui, chez un individu, doivent tendre vers un certain équilibre afin qu’il vive en accord avec lui-même et, par conséquent, avec sa sexualité.