Définition
Le DSM-IV (Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux) définit spécifiquement le trouble du désir sexuel hypoactif comme étant une déficience ou absence persistante et répétée de fantaisies imaginatives d’ordre sexuel et de désir d’activités sexuelles.
Cette définition du DSM-IV présente d’importantes lacunes, en ce sens qu’elle manque, entre autres choses, d’objectivé en ce qui concerne ses critères diagnostiques.
Cependant, grâce au développement d’un système multiaxial élaboré par Shover et al, il est maintenant possible de faire une évaluation plus objective des divers aspects problématiques reliés au trouble de baisse de désir sexuel.
Quelques chiffres
La capacité d’éprouver du désir sexuel semble faire défaut à un nombre croissant de gens, à plus forte raison lorsqu’on parle d’un désir maintenu sur une longue période avec la même personne. Au cours des trente dernières années, le nombre des personnes qui consultent divers spécialistes pour un trouble lié au désir sexuel a considérablement augmenté. À titre d’exemple, nous pouvons mentionner LoPiccolo et Schover qui, entre 1974 et 1982, ont vu les troubles de désir sexuel passer de 32% à 55%. En 1981, ces mêmes chercheurs constataient que sur 152 couples qu’ils avaient évalués, 38% des hommes présentaient ce trouble contre 49% des femmes. Un homme avouera plus difficilement qu’une femme qu’il n’éprouve pas de désir sexuel, car ce faisant, il porterait atteinte non seulement à son identité sexuelle mais à son identité personnelle. En effet, un homme, un » vrai « , se définit beaucoup à travers la performance qu’il s’astreint à vouloir atteindre dans toutes les sphères de sa vie, mais plus particulièrement au niveau sexuel.
Un désir sexuel hypoactif
Les femmes que je reçois en thérapie m’avouent souvent avoir de la difficulté à éprouver un désir sexuel qui puisse les satisfaire et qui, surtout, puisse leur donner l’opportunité de vivre une relation de couple qui soit sereine et équilibrée. Si vous voulez vivre une rencontre sexuelle satisfaisante, encore faut-il que vous soyez capable d’éprouver du désir.
Par ailleurs, depuis une ou deux décennies, les hommes qui connaissent une absence de désir sexuel sont plus nombreux. Cette absence peut être due à d’autres problèmes d’ordre sexuel, tels que l’éjaculation précoce ou la difficulté à obtenir et à maintenir une érection. Ne pas éprouver de désir sexuel est alors un moyen utilisé pour éviter d’être confronté au problème. L’absence de désir chez l’homme peut également traduire d’autres difficultés chez lui: peur de l’intimité et de l’engagement, difficulté à s’affirmer, peur de la femme, hostilité envers elle.
La société de performance dans laquelle nous vivons amène souvent les hommes de cinquante ans à souffrir d’épuisement et de stress. Et comme le stress est l’ennemi numéro un de la sexualité, il a de fortes répercussions sur le désir sexuel et l’érection. Il faut dire que nous commençons à peine à nous pencher sur les conséquences que l’andropause peut avoir sur les hommes. Le dictionnaire la présente comme étant une diminution de l’activité génitale chez l’homme, à partir d’un certain âge. Je crois que cette définition est plutôt limitée. Telle la ménopause chez la femme, l’andropause représente chez l’homme, une étape transitoire. C’est à partir de l’âge de cinquante ans que certains hommes commencent à éprouver des problèmes qui peuvent être associés à l’andropause. Leur système connaît une déficience partielle sur le plan de la sécrétion d’androgènes, ce qui a un effet sur leur sexualité puisque leur niveau de testostérone (l’hormone du désir sexuel) connaît une baisse plus ou moins importante. Les symptômes qu’un homme peut alors avoir, sont les suivants: chaleurs, irritabilité, fatigue, diminution de la force musculaire et de l’énergie. Ces symptômes commencent à apparaître lorsque le taux de testostérone arrive en deçà d’un seuil normal. Mais avant d’émettre un diagnostic d’andropause, on doit procéder à un test de testostérone biodisponible (la quantité de testostérone qu’on peut mesurer et qui est active au niveau du cerveau, des os, des muscles et du foie). Lorsqu’un traitement s’impose, le patient reçoit alors de la testostérone sous forme d’injection, de pilules ou de timbres à appliquer sur la peau. De plus, on lui recommande d’adopter une bonne hygiène de vie, c’est-à-dire de bien s’alimenter, de faire de l’exercice physique régulièrement, de prendre de l’alcool en petite quantité, d’éviter le stress et de s’abstenir de fumer.
Aussi, à l’âge de cinquante ans, les hommes ont souvent tendance à développer une anxiété de performance: comme leur taux de testostérone est plus bas, ils sont moins performants que lorsqu’ils avaient vingt ou trente ans. Ils doivent donc être conscients qu’ils ont besoin de plus de temps pour obtenir une érection et qu’ils doivent mieux se préparer à faire l’amour. En refusant d’accepter cette réalité et en mettant uniquement l’accent sur leur pénis, bien des hommes développent une anxiété de performance et n’arrivent pas à obtenir l’érection souhaitée. Ils connaissent donc un échec qu’ils ont peur de revivre au cours d’une relation sexuelle future. Et c’est précisément parce qu’ils ont peur de le revivre qu’ils le connaissent à nouveau. Un cercle vicieux s’installe alors, ce qui peut les conduire à avoir moins de désir sexuel.
En ce qui concerne le désir » normal « , de nombreux auteurs se sont penchés sur la question de la fréquence des relations sexuelles: selon ces études, un individu qui éprouve du désir sexuel ou qui a des activités sexuelles moins de deux fois par mois, et ce, sur une période qui dépasse six mois, peut avoir un trouble de désir sexuel. Par contre, je dois souligner ici que la fréquence des relations sexuelles ne peut pas constituer le seul critère d’évaluation des problèmes d’intérêt pour la sexualité. La question de la fréquence, constamment abordée quand on parle de relations sexuelles, empoisonne la vie d’une multitude de femmes. Elles sont souvent à la recherche de moyens de faire en sorte que leur rythme s’accorde à celui de leur partenaire.
Une autre dimension importante et liée au désir sexuel est l’utilisation de fantasmes sexuels. Plusieurs études montrent que ces derniers contribuent, au sein d’un couple, à maintenir un intérêt sexuel et à stimuler les activités sexuelles.
Des facteurs individuels peuvent amener ou maintenir un problème de désir sexuel :
- L’anxiété anticipée et de performance (peur de l’échec, d’un conflit, d’être jugé et critiqué) ;
- Stress, anxiété, dépression et/ou autre trouble psychologique ;
- Manque de connaissances sexuelles, apprentissage sexuel négatif et/ou expériences sexuelles désagréables ;
- Impacts parentaux négatifs face à la sexualité ;
- Apprentissage inadéquat concernant la communication intime et l’expression de sentiments d’amour et d’affection ;
- Absence d’activités masturbatoires, de fantasmes sexuels, de motivation sexuelle et/ou de sensation d’excitation sexuelle ;
- Sentiment de honte et de culpabilité dû entre autres à des prohibitions familiales, culturelles et religieuses.
Des facteurs relationnels peuvent également perturber le désir sexuel :
- Trouble de communication sur le plan affectif et sexuel ;
- Problèmes relationnels antérieurs non résolus et un déplacement de sentiments négatifs reliés à des partenaires antérieurs et/ou des figures parentales ;
- Présence de mauvais sentiments envers son/sa partenaire ;
- Présence de sensations physiques désagréables et de sentiments désagréables et/ou d’imagerie aversive face aux rapports sexuels ou durant les rapports sexuels ;
- Manque d’attirance envers son partenaire ;
- Peur de l’engagement (peur d’être rejeté ou d’être abandonné) ;
- Syndrome « madone-antimadone » (incapacité de se voir et/ou de voir son partenaire comme étant à la fois un objet d’amour et un objet de désir sexuel).
Le désir sexuel peut aussi fluctuer. À certains moments, il peut se faire très bavard et à d’autres, s’atténuer et même prendre les jambes à son cou pour reparaître ou ne jamais revenir. Le couple l’attend parfois avec impatience, puisque hommes et femmes ne sont pas nécessairement soumis aux mêmes rythmes ou impératifs, à ce niveau. Néanmoins, il demeure primordial que les deux partenaires éprouvent l’un pour l’autre une attirance qui soit d’ordre sexuel. Bien aimer quelqu’un n’est pas suffisant. Encore faut-il que vous soyez capable de l’érotiser. Cependant, il peut arriver que vous soyez amoureux et que vous ayez de la difficulté à ressentir du désir sexuel. Malheureusement, vous n’avez pas de pouvoir sur votre désir, en ce sens que vous ne pouvez pas lui commander d’être là au moment opportun. Ce qui crée bien souvent beaucoup de problèmes au sein d’un couple. Bien sûr, vous pouvez essayer de palier ce manque de désir en vous questionnant sur ses causes. Vous pouvez essayer de le stimuler mais vous ne pouvez pas lui ordonner d’apparaître comme par enchantement, ce qui pour certains demeure extrêmement souffrant. «J’ai essayé toutes sortes de choses pour avoir du désir: des gadgets, des films pornographiques, des livres érotiques et… maintenant, je ne veux plus me forcer à faire ça, je veux comprendre pourquoi je n’ai pas de désir. De toute façon, ça fonctionnait assez bien dans un premier temps et là, plus le temps avance et moins ça me stimule… Peut-être même qu’au départ, je suis allée vers mon mari parce que lui, il en avait beaucoup de désir sexuel et là, ça me fatigue de le voir tourner autour de moi…»