Ce qui amplifie l’intérêt que je porte aux victimes d’abus et d’agression sexuelle est le fait que je crois fermement qu’un accompagnement bien adapté à leurs besoins peut leur permettre d’atteindre un meilleur équilibre, tant au niveau de leur vie affective qu’au niveau de leur sexualité active.
Les femmes agressées sexuellement veulent apprendre comment se sortir de cette situation malsaine, de ce cercle vicieux, afin de mieux vivre en accord avec elles-mêmes et leur entourage. Le premier pas vers la guérison est de parler, d’exprimer sa peine et sa colère afin d’apprendre à avoir confiance en soi et à modifier l’image négative qu’on a de soi. Bref, à avoir une vie plus acceptable.
Si vous avez été victime d’une agression sexuelle, vous aspirez sans doute à un peu de chaleur humaine et de compréhension pour arriver à mettre de la lumière dans votre vie. Votre premier objectif pourrait être d’effectuer une démarche qui vous permettra éventuellement de vous sentir mieux dans votre peau, d’expérimenter le bonheur. Vous caressez un rêve bien légitime, en somme: celui de mener une existence un tant soit peu équilibrée qui vous réconciliera avec une sexualité qui a été brimée et une vie affective qui a été ébranlée. Les femmes qui ont été victimes d’agression sexuelle ont souvent peu de projets en ce qui concerne l’avenir. Confrontées à leur problème, elles sont souvent bien incapables d’y répondre ou d’assumer les conséquences que cela impliquerait. Une raison de plus qui les incite à vouloir recevoir de l’aide pour que leurs aspirations soient plus claires et réalisables.
Il est important pour moi, de par mes interventions auprès de ma clientèle, de briser le mythe qui veut qu’une femme qui a été victime d’une agression sexuelle ne puisse pas s’en sortir. Je suis persuadée que chaque femme possède en elle le potentiel qui lui permettra de trouver les bonnes réponses aux questions qu’elle se pose. Cependant, la majorité de ces femmes ignorent qu’elles possèdent tout ce potentiel et ne savent pas quels moyens utiliser pour le découvrir. Quelquefois, il arrive même que certaines d’entre elles aient de la difficulté à établir un lien entre leurs sentiments et une agression qu’elles ont subie. Elles se doutent bien que quelque chose ne va pas mais elles n’arrivent pas à en mesurer toute l’intensité.
L’abus sexuel (ou l’agression sexuelle) se définit comme étant un acte de pouvoir au cours duquel la force ou les menaces sont utilisées pour contraindre une personne à avoir des activités sexuelles -quelle que soit leur nature- contre sa volonté. Il se peut également que cette personne ne soit pas réellement en mesure d’y consentir et ce, à cause de son âge, de son état psychologique, mental ou physique.
On emploie habituellement le terme abus sexuel lorsqu’un abuseur adulte se tourne vers une victime qui a moins de 14 ans.
Des statistiques montrent que 25% des femmes et 16% des hommes ont été victimes d’une agression sexuelle. Les conséquences pour eux, peuvent être les suivantes :
- Psychologiques : stress post-traumatique, peur, angoisse, évitement, sentiment de culpabilité et de honte, diminution de l’estime de soi, manque d’affirmation de soi.
- Physiques : douleurs, blessures, image corporelle négative, troubles du sommeil, troubles alimentaires, grossesse, maladies transmissibles sexuellement (MTS).
- Relationnelles : peur de l’intimité et de l’engagement, méfiance, difficultés à bien communiquer et à gérer les conflits.
- Sexuelles : hypodésir sexuel (manque de désir), hyperdésir sexuel (compulsion), aversion sexuelle, manque d’excitation sexuelle, anorgasmie, dyspareunie (douleur sexuelle).
Au Canada, il y a un viol toutes les 17 minutes. Les agressions sexuelles font partie des crimes les moins dénoncés. On admet généralement que la majorité des agressions ne sont pas rapportées. Nous pouvons donc en déduire, qu’au mieux, une victime sur trois rapporte l’agression sexuelle à la police et, qu’au pire, seulement une sur cinq est signalée. Certains avancent un faible taux de signalement d’à peine 10%.
Les conséquences d’une agression sexuelle ne sont pas similaires d’une femme à une autre. Ces dernières varient en fonction de facteurs tels que la nature et la gravité de l’agression, la personnalité de la femme et les ressources qu’elle parviendra à trouver pour obtenir du soutien. Cependant, une des constantes qu’on retrouve chez elles en regard de leurs besoins, c’est celui de pouvoir parler, de s’exprimer afin d’être comprises et soulagées du lourd fardeau qu’elles portent :
Je me suis parlée… Je suis une femme qui vivait toute seule, évidemment. Je me parlais et me parlais mais à un moment donné, j’ai bien été obligée d’admettre que ce n’était pas suffisant… Un jour, je suis tombée sur les coordonnées d’un groupe de soutien -un groupe, de femmes victimes d’inceste, évidemment- et j’ai décidé d’y aller. Ça m’a fait tellement de bien parce que là, j’ai pu enfin me raconter, dire toute la peine que je gardais en moi depuis tant d’années…
Au début, je ne voulais pas qu’on m’aide. Je me suis refermée sur moi-même. Le résultat, c’est que de jour en jour, je m’apitoyais davantage sur mon sort et me répétais que je ne pourrais jamais m’en sortir. Finalement, la vie s’est chargée de me faire comprendre que je ne pouvais pas continuer comme ça!… C’est sûr que j’ai eu des hauts et des bas en thérapie mais je sais aujourd’hui qu’on peut voir la lumière au bout du tunnel…